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Redécouvrir Schmitt: L'enfant de Noé
La dernière fois que j’ai parcouru une œuvre de Schmitt remonte à plusieurs mois. Je me rappelle toutefois, de façon très vivide, avoir dévoré La nuit de feu sous le soleil étincelant du mois de mai, profitant du beau temps avant la venue des examens de fin d’année. Même si Schmitt est l’un de mes auteurs favoris, je déguste ses écrits à petites doses, question de profiter un petit peu plus longtemps de sa plume et de son contenu savoureux.
Fait intéressant :
l’an dernier, il fut président du Salon international du livre de Québec, ma
ville natale. Comme à chaque année depuis que je suis une petite
fille, je me suis présentée à cet événement d’envergure. Et devinez quoi? Schmitt était présent
pour une séance de dédicaces. Dès que je l’ai su, j’ai
décidé de faire quelques achats supplémentaires et de quitter. Avec du recul,
je comprends un peu mieux ma réaction. Ce n’est ni par gêne, ni par manque d’envie
que j’ai décidé de ne pas le rencontrer : c’est plutôt pour ne pas faire
face à la réalité, pour ne pas faire fondre les idéaux que je me suis créé
depuis que j’ai commencé à aimer les récits de cet écrivain. Pour moi, une œuvre
est complètement (ou presque) détachée de son créateur. J’avais peur (oui, de
la peur!) d’être déçue ou encore pire, d’apprécier la personne qui se cache
derrière ces idées!
Bref, depuis cet
incident, je n’avais encore rien lu de ce charmant écrivain. Or, hier soir, à
la conquête d’un ouvrage qui me plairait certainement, je suis tombée sur L’enfant de Noé, un roman dont on me parle
depuis toujours, dont on me fait les louanges depuis mon entrée au secondaire.
L’enfant de Noé nous plonge au cœur de la Seconde guerre
mondiale. Joseph est un garçonnet juif de presque huit ans qui se voit
parachuté dans une famille d’aristocrates peu de temps après que sa mère ait
entendu parler d’arrestations devant avoir lieu dans leur quartier. Après
quelques jours de « noblesse », comme aime le mentionner Joseph, le jeune orphelin
est confié entre les mains du père Pons, un personnage altruiste, singulier, dédiant sa vie à sauver des enfants de la Shoah. La Villa Jaune accueille une trentaine de
petits pensionnaires, pour la plupart illégaux. On les fait passer pour des
catholiques; ils vont à la messe, prient et lisent la Bible. Sous la tutelle du
père Pons, Joseph, par son regard d’enfant, découvre la guerre sans jamais
vraiment la connaître. Il tisse des liens qu’il ne pense pas temporaires, s’attache
à des facettes de sa vie, pourtant éphémères.
Ce roman écrit du
point de vue d’un enfant de sept ans est profondément touchant. Toute la naïveté
et toute l’incompréhension que ressent le petit protagoniste face à sa
condition nous émeut en tant que lecteur. Joseph porte parfois attention à des
détails complètement absurdes, détails qu’un adulte considérerait comme futiles
dans de telles circonstances. Voilà toute la beauté de l’enfance : l’innocence.
Une œuvre que je recommanderais
à tout le monde pour sa simplicité, pour sa profondeur et pour la sensibilité
qu’elle nous apporte.
L’enfant de Noé
Éric-Emmanuel Schmitt
Le Livre de poche (2008)
119 pages
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