Réception: Saints-Damnés de Marie-Laurence Trépanier
Soyons
honnêtes : il est assez rare, au
cours d’une vie, d’avoir l’occasion de connaître l’auteur du roman que nous sommes
en train de lire. C’est un phénomène peu fréquent, engendrant un sentiment de nervosité,
et chez l’écrivain et chez son lecteur, qui peut mener à d’incroyables
découvertes comme à de piètres déceptions. Vous me voyez venir : une
collègue à la bibliothèque vient de publier un roman nommé Saints-Damnés et pas chez n’importe quelle maison d’édition, chez
Boréal. Oui, oui, cette même maison qui édite notre cher Dany Laferrière et ce prolifique
Robert Lalonde! J’avoue avoir été agréablement surprise d’en recevoir une copie
de presse et de le voir apparaître un beau matin dans ma boîte aux lettres. À la
fois anxieuse et intimidée à l’idée de me retrouver dans la tête, dans le génie,
d’une collègue de travail, je me suis lancée, sans trop hésiter, dans cette lecture
à l’apparence de conte…
Saints-Damnés
met de l’avant l’histoire de Millie et de Pa, son père adoptif, l’ayant retrouvé
un beau jour dans les bois et l’ayant accueilli chez lui. Pa, dont on distingue
un comportement plus ou moins mature, élève Millie comme sa fille. Or Ma, sa
conjointe à l’époque, ne tolère pas la petite. Elle tente même, un jour, de l’abandonner
en forêt, sans succès. Sur un coup de tête, Ma s’enfuit, laissant la petite aux
mains d’un Pa désemparé. Les années filent et Millie grandit pour devenir une
femme fatale, sensuelle, attirante, bref aimée de tous les hommes. Elle fréquente les jeunes de son quartier, sans vraiment appartenir à un groupe. Millie
préfère se taire, observer, répéter. Sa beauté éblouit tout le monde, même sa
personnalité. Un jour, elle disparaît. Une alerte est lancée, des voisins sont
interrogés : aucune trace de la jeune fille. Pa est démoli, il peine à surmonter l'épreuve...
En tant
que lecteur, rien ne nous suggère que Saints-Damnés
est le premier roman de Marie-Laurence Trépanier. Le style est ficelé, les
mots; bien choisis. L’ensemble se lit d’un seul souffle. Même si l’éditeur le
présente comme un conte, ce roman, ma foi, touche plutôt le policier voire l’horreur.
Certaines scènes sont très graphiques, sexuelles et dérangeantes. Cela apporte au
récit, le rend encore plus troublant et crée beaucoup de tension narrative. Or,
il m’est arrivé, particulièrement vers la fin de l’œuvre, de me demander vers
où l’auteure allait nous mener. S’il y allait avoir une « raison » pour ces
actes de sauvagerie, de viol, etc. À ce propos, je dirais que le mystère est
plutôt bien gardé, la fin, plus ou moins accessible.
J’ai
fortement aimé découvrir l’imaginaire de Marie-Laurence, sa créativité. Je recommanderais
Saints-Damnés à tous les amateurs de
suspenses et de policiers.
Saints-Damnés
Marie-Laurence Trépanier
Boréal (2018)
216 pages
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