Il y a quelques mois, j’ai reçu, de la part des généreuses éditions l’Interligne, À l’ombre des érables et des palmiers, un recueil de quatorze nouvelles écrit par Guy Bélizaire, haïtien d’origine ayant immigré au Québec il y a de cela quarante ans. Comme son titre métaphorique l’exprime si bien, cet ouvrage porte principalement sur l’exil, sur le racisme à l’endroit des Noirs et sur les différences culturelles importantes entre Québec et Haïti.

Plusieurs des nouvelles de Guy Bélizaire nous rappellent les thèmes exploités par notre cher Dany Laferrière. Le malaise identitaire vécu par ceux qui, trop souvent, sont forcés d’immigrer dans un pays qui leur est complètement étranger, ressort dans presque chacun de ses courts textes. Où peuvent-ils être eux-mêmes ? Leur pays natal leur semble si loin et leur pays d’accueil reste une terre qui ne leur appartient pas. Bélizaire exploite judicieusement cet inconfort, l’alimente et montre jusqu’où ce sentiment d’être étranger peut mener un homme.

D’un autre côté, certaines nouvelles sont très engagées, nous montrant l’impact néfaste du racisme sur la communauté noire et tous les préjugés qui en découlent. Comme quoi, encore aujourd’hui, malgré tous les mouvements mis en place pour contrer ce phénomène, le racisme est encore très actuel. Or, il est plus subtil, plus insidieux. Dans Une brève histoire d’amour, le narrateur se voit approché par une jeune enfant blanche dans la salle d’attente du médecin. La petite ne semble pas du tout dérangée par la couleur de la peau de l’homme avec lequel elle discute, or ses parents, oui. S’ensuit une altercation injustifiée  engendrée par le père de la fillette. On voit ici qu’aucun enfant ne naît avec de telles tendances et qu’il s’agit d’un comportement acquis par l’éducation et par le milieu dans lequel celui-ci s’inscrit.

À l’ombre des érables et des palmiers de Guy Bélizaire fut une magnifique découverte de la part des Éditions l’Interligne. Autant par le style soigné que par la tension narrative (et les chutes) habilement maîtrisées, j’ai adoré feuilleté ce recueil diversifié.

À lire!

À l’ombre des érables et des palmiers

Guy Bélizaire

Les Éditions L’Interligne (2018)

116 pages