Considérations sur l'état des Beaux-Arts: critique de la modernité de Jean Clair

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Considérations sur l'état des Beaux-Arts de Jean Clair

L’école est enfin terminée! En ce moment, je ne profite toutefois pas officiellement de mes jours de congé : je suis en plein déménagement! Eh oui! Pardonnez donc mon léger retard quant à la publication d’un nouvel article. Qui dit fin de l’année scolaire, dit lectures d’été! Étrangement, l’été j’aime lire beaucoup d’essais et de classiques. Pourquoi ? Parce que je peux prendre mon temps pour les lire (on le sait, les classiques sont souvent assez longs), mais aussi parce que je veux continuer d’apprendre malgré l’absence de cours pour cette période. Ayant terminé mon DEC en Littérature, je commencerai, à l’automne prochain, un BAC en Rédaction professionnelle! J’ai également l’intention de continuer mon apprentissage de l’allemand et de l’histoire de l’art qui m’ont, il faut le dire, plus qu’accrochée.

Bref, c’est le moment de vous présenter ma plus récente lecture, soit un essai sur l’art : Considérations sur l’État des Beaux-Arts : critique de la modernité de Jean Clair. Il faut savoir que cet essai a été publié pour la première fois en 1983, et donc qu’il ne porte que très peu sur la postmodernité (ce qui est un peu décevant étant donné qu’ils ont sélectionné une réplique de l’œuvre de Koons pour la couverture).

Dans son texte, Clair adopte une position assez nette en défaveur de l’art moderne et de la tournure que celui-ci prend depuis le début de XXe siècle. On sent que son avis n’est pas qu’une simple opinion lancée en l’air, membre de l’Académie française, l’auteur connaît très bien son sujet et nous le démontre assez clairement.

« L’accroissement supposé du bien-être de tous se fait au détriment réel du génie de quelques-uns. »

Citant de grands penseurs, de grands théoriciens comme de grands artistes, Clair aborde plusieurs techniques artistiques (le dessin, le pastel, etc.), les décortique et les commente. Il situe également son lecteur dans de nombreux repères historiques, justifiant la dégradation d’un art qui, dans le passé, semblait beaucoup plus signifiant.

« L’essence d’une ligne est une abstraction – et combien de fois les peintres, de Delacroix à Goya, de Cézanne à Giacometti, ont-ils insisté sur ce fait qu’il n’y a pas de lignes dans la nature, que le contour d’un objet est pure visée de l’esprit, que le trait qui cerne un objet n’est pas plus ici qu’il n’est là, qu’on a plus affaire à une nébuleuse qu’à un schéma distinct. »

Plusieurs fois dans l’essai, on a l’impression que l’auteur en vient à la conclusion suivante : l’art a touché le fond, l’art moderne a amené la décrépitude de l’art tout court. Je ne vous mentirai pas, je n’étais pas toujours d’accord avec les opinions, ma foi très arrêtées de Clair, mais j’y ai appris énormément. Je suis ressortie de cette lecture bien équipée, prête à me créer mon propre avis à partir de bases solides et de contrepropositions. 

« L’art grec, disait Marx, demeure « norme et modèle inaccessible ». Il avançait aussi l’idée que « dans une société arrivée à un stade de développement excluant tout rapport mythologique avec la nature, tout rapport générateur de mythes », l’art comme activité autonome toucherait à sa fin. »

Pour une lecture très enrichissante qui vous confrontera à vos propres valeurs et à votre propre vision de l’art moderne et postmoderne.

Considérations sur l’État des Beaux-Arts : critique de la modernité
Jean Clair
Folio (1983)
167 pages
☆☆☆☆

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