Réception: La république de l'abîme de Louenas Hassani
Récemment publié par les éditions L’Interligne, le roman La république de l’abîme de Louenas
Hassani imagine un monde où l’État est contrôlé par une certaine République
islamiste. On y mêle sans remords pouvoir religieux et temporel, les mains des
voleurs sont coupées (même celles des jeunes enfants) et les coupables d’adultère
sont lapidés au nom de Dieu. La vie des citoyens est complètement gérée par le
gouvernement : les jeunes ne travaillent pas, les journaux dictent la
vérité et on ne peut les contredire, etc.
Bref, le fait de simplement exister au sein de cette République, c’est l’enfer.
Or, Akal, un jeune homme de vingt-six ans en quête de beauté, d’idéal et d’utopie,
garde espoir d’un monde meilleur, d’un monde qui se rapproche plus du passé que
du futur. À Tafat, les légendes courent les rues. Il y aurait un petit village
où se cacheraient les poètes, les musiciens et les libres penseurs. On y rêverait
notamment de liberté, d’égalité entre les hommes et les femmes et de
démocratie. Akal, accompagné d’un de ses amis, fuit. Il risque sa vie et il en
est bien conscient, mais il est convaincu que son périple vers cedit endroit en
vaudra le coup.
La république
de l’abîme est un ouvrage assez complexe qui démultiplie les
points de vue. À même les chapitres, il est parfois possible d’entrer dans la
peau de trois ou quatre personnages. Certes, la confusion s’installe, mais on
comprend l’intention de l’auteur qui est de nous donner accès à l’autre côté de
la médaille, à la multidimensionnalité du phénomène. Le style d’écriture de l’écrivain
est intéressant. Assez soutenu, le vocabulaire est bien maîtrisé et certaines
parties poétiques m’ont impressionnée. Toutefois, j’avais un peu de difficulté
à me retrouver dans tous ces termes arabes, ces noms similaires et ces dictons
ou passages cités du Coran. J’ai quelque peu trouvé que ça alourdissait la
lecture déjà audacieuse dans sa forme et son contexte.
D’ailleurs, le message véhiculé par l’auteur dans son récit est magnifique.
Il nous démontre les dangers d’une telle gouvernance, de la fermeture d’esprit
et du refus d’accepter l’Autre, de le reconnaître. J’ai senti une grande
dénonciation de l’auteur par rapport à certaines pratiques qui aurait été
intéressante à développer encore plus dans un essai par exemple.
Bref, cette lecture, bien qu’un peu en dehors de mes champs d’intérêt
habituels, m’a permis d’acquérir de plus grandes connaissances sur le monde de
l’Islam. Je ne dirais pas que ce fut un coup de cœur, mais plutôt un ouvrage
intéressant à décrypter apportant de nouvelles pistes de réflexion sur certains
phénomènes d’actualité.
☆☆1/2
La
république de l’abîme
Louenas Hassani
Les éditions L’Interligne (2017)
269 pages
0 commentaires