Si une nuit d'hiver un voyageur d'Italo Calvino
Le talent d’Italo
Calvino m’était inconnu jusqu’à tout récemment. Qu’on l’affirme ou non, notre
culture littéraire se forme souvent en premier lieu sur les bancs d’école. C'est à cet endroit que j’ai eu l’honneur de découvrir les œuvres plutôt complexes et
déroutantes de cet auteur. Si une nuit d’hiver
un voyageur, réédité il y a peu au format poche chez Folio, figurait parmi
la longue liste de lectures obligatoires que j'avais pour cette session. À vrai dire, c’est
le tout premier roman que j’ai lu cet automne au CÉGEP. Avec enthousiasme, j’en
ai donc fait une lecture pour le plaisir qui m’a réellement charmée. Ensuite, j’ai
dû réaliser un travail à son sujet, puis un second et finalement, dans les
derniers jours, j’ai fini par remettre un troisième travail sur l’œuvre en
question. C’est donc sans vous mentir que j’affirme être un peu lasse de ce
récit qui, pourtant, m’avait si renversée la première fois. Plusieurs semaines
de retard plus tard, je vous offre enfin mon avis sur ce bouquin mystérieux.
Si une nuit d’hiver un voyageur est un récit plus que complexe. Dans
le chapitre initial, le narrateur nous donne la forte impression qu’il s’adresse
à nous. Il décrit un Lecteur bien assis dans son fauteuil entamant les
premières pages du roman Si une nuit d’hiver
un voyageur. On se sent concerné puisque ce « tu » mystérieux décrit nos
moindres fait et gestes en tant que lecteur. Petit à petit une distinction se
crée et le personnage du Lecteur (qui ne sera jamais réellement nommé) se
trace. On comprend que, dans l’histoire qu'on lit, un Lecteur lit une histoire
lui aussi. Dès que celui-ci parvient à la fin de son chapitre, le Lecteur
réalise que la suite n’y est pas. Il part donc à la conquête de la fin du
roman Si une nuit d’hiver un voyageur, mais se voit constamment dirigé vers d’autres
œuvres intimement liées soit par le titre, l’auteur, le traducteur ou encore l’éditeur à l'oeuvre originale.
D’un chapitre à l’autre, on saute donc de la quête du Lecteur aux récits eux-mêmes
(ceux que lit le Lecteur). Et cela, pour finir par réaliser que tout s’entremêle, que tout se croise et que tout est interrelié.
On doit lire Si une nuit d’hiver un voyageur pour le comprendre.
Cet ouvrage ayant principalement pour thème la littérature contient une
quantité folle de commentaires, de réflexions et de pensées sur l’industrie du livre, sur les lecteurs et sur ceux qui se cachent derrière toutes ces
pages. Même s’il peut être intimidant ou parfois dur à comprendre à cause de sa
structure, ce Calvino vaut la peine d’être parcourut par ceux qui aiment être déstabilisés et renversés au niveau littéraire.
Pour une expérience
encore plus marquée, la relecture s’impose. On y réalise alors que les théories
avancées lors de notre lecture précédente étaient complètement infondées et on
les remplace par de nouvelles qui ne le sont pas plus. Vous avez aimé le film Inception ? Courrez à la librairie
chercher ce roman, mais attention à ne pas choisir un ouvrage abimé, dont les
pages sont déchirées ou encore manquantes! Bonne lecture!
☆☆☆☆
Si une nuit d’hiver un voyageur
Italo Calvino
Folio (2015)
376 pages
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