Réception: Peau de Marie-Claire Marcotte
Peau, c’est d’abord et avant tout une pièce de théâtre qui met à l’avant-plan le manque de communication d’une famille brisée. De la talentueuse Marie-Claire Marcotte et publié aux Éditions L’Interligne, ce texte à la fois complètement décalé de la réalité, loufoque et très touchant m’a d’abord intriguée, puis impressionnée.
Des dialogues très
courts. Une narration très crue, très vraie. Un tout qui prend son sens à
chaque fois que l’on tourne une page. Place à l’imagination. Après plusieurs années d’absence, Catherine
retourne chez ses parents sans prévenir. En moins de deux, elle renoue avec sa
peluche qu’elle avait jusqu’alors abandonnée, Georges la girafe. Georges est un
être à part entière. Il parle, pose des commentaires parfois osés, parfois tout
simplement cruels. Ce dernier l’accompagne partout où elle va. Le hic,
Catherine est enceinte. Comment l’annoncer à ses parents ? Pourquoi est-elle
revenue?
Profondément blessée
depuis sa tendre enfance, Catherine est aujourd’hui en voie d’être mère, mais
elle ne sait pas comment aimer. Elle essaie donc de mettre fin à ses jours, à
ceux de son bébé et du père en provoquant un accident de voiture. Heureusement,
ça n’a pas fonctionné. Elle se retrouve sur le pas de la porte de sa maison d’enfance,
au centre d’une famille qui ne sait plus comment échanger. Francine aussi
possède une mascotte, un intermédiaire au dialogue, et il se nomme Mitch. Son
père lui, légèrement plus sain d’esprit, se contente d’empailler les animaux et
de les transporter partout. Comment donner vie à un enfant au sein d’une
famille en apparence si dysfonctionnel ? Réapprendre à s’exprimer, à dire ce l’on
pense réellement en tant qu’individu, c’est possible après tant d’années à se
cacher derrière un masque?
Le ton satyrique de
Marcotte m’a, en premier lieu, déstabilisée. Je me demandais où elle voulait en
venir avec ce genre d’ambiance, ce choix de mot. Or, peu à peu, au fur et à
mesure que les personnages se développaient, j’ai compris la beauté de son
texte, sa puissance.
Peau m’a subjuguée par son originalité, par sa
déchéance. J’ai adoré.
Peau
Marie-Claire Marcotte
Les Éditions L’Interligne (2016)
116 pages
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