Coup de coeur: La poudre aux yeux de Joseph Elfassi
Encore et encore. Je réécris
perpétuellement le début de cet article sur le tout nouveau roman de Joseph
Elfassi, La poudre aux yeux. Pourquoi
? Parce que je ne sais vraiment pas par où commencer ou plutôt, par quoi
commencer. L’œuvre de ce journaliste diplômé de l’UQAM est fragmentaire, mais
son histoire est cohérente voire linéaire dans certains passages. Publié chez Stanké tout récemment, j’ai eu l’incroyable chance de le lire
avant sa sortie en librairie.
La poudre aux yeux commence de façon plutôt brusque. Raphael Cohen, notre
personnage principal, et Maxime Tremblay, son ami et collègue, sont en plein kidnapping.
Littéralement. Ils ont enlevé une certaine Jeanne que l’on ne connait pas encore et l’ont attaché dans le sous-sol
de Raphael. Le reste du roman est un grand retour dans le temps. Qu’est-ce qui
a amené les deux hommes à commettre un tel geste de façon si maladroite? C’est
une des deux intrigues qui nous tient tout au long du récit.
L’autre, c’est la quête de l’identité
de ce fameux contributeur anonyme les finançant dans toutes leurs dépenses. En
effet, dès les premières pages du livre, Raphael perd son emploi dans une firme
de production de contenu vidéo, car ses productions sont médiocres. Le jour
même, il rencontre son ami Maxime dans un restaurant et ce dernier lui confie
avoir vu apparaître la somme d’un million de dollars dans son compte Google.
Ils sont libres. Libres de faire ce qu’ils veulent, de produire n’importe quel
vidéo, mais sous le « regard » de cet être anonyme.
La société québécoise mise en
place dans La poudre aux yeux, de son
côté, est poussée à l’extrême, à l’anarchie quasi-totale. Les Canadiens sont
très près de gagner leur deuxième coupe Stanley et un nouveau référendum est
porté au public. Dans une connaissance impressionnante des enjeux sociaux,
politiques et culturels, Joesph Elfassi construit un univers légèrement décalé
de la réalité, légèrement oppressante, mais dont le réalisme est troublant par
moment.
Un gros coup de cœur autant
pour le style très personnel de l’auteur et pour la façon déconcertante qu’il a
de raconter les choses.
☆☆☆☆
La poudre aux yeux
Joesph
Elfassi
Stanké
(2017)
175
pages
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