Réception: Des vies de papier: Chère Arlette d'Arlette Cousture

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Chère Arlette d'Arlette Cousture
Être auteur(e), c’est non seulement de concevoir un monde, un imaginaire et des personnages à partir d’un choix restreint de 26 lettres, mais c’est également d’accepter que notre œuvre finisse par nous dépasser en prenant vie dans les mains d’autrui. Chaque lecteur a sa propre façon d'intepréter chacun des mots imprimés sur le papier qu'il tient dans ses mains. Écrire, c'est d'inventer des vies et de faire des choix parfois difficiles. Dans Chère Arlette, Arlette Cousture, l'auteure de la populaire série Les filles de Caleb (que je n'ai jamais lue en passant, mais on y reviendra plus tard), ce sont les personnages qu'elle a créés qui s'adressent à elle à tour de rôle. 

On y rencontre le personnage d'Émilie Bordeleau, d'Ovila Pronovost, de Blanche Pronovost et de plusieurs autres. Ces noms ne vous disent rien ? À moi non plus. On arrive pourtant à s'attacher à chacun d'entre eux en apprenant peu à peu leur histoire respective. Le récit de leur vie, de leurs voyages, de leurs déboirs et bien sûr, de leurs enfants. La généalogie est au coeur de l'oeuvre.

Le plus frappant dans tout ça ? On a l'impression qu'une vraie personne se cache derrière chacune de ces lettres. Cousture maîtrise l'art de créer des vies et de les relier entre elles. Certains protagonistes sont fâchés de leur sort. Ils auraient voulu mourir plus vieux, auraient préférés ne pas passer constamment pour des salauds, etc. La beauté de ces textes, c'est l'identité bien personnelle qui se cache derrière chacune de ces vies de papier. On a bien du mal à croire que ces gens n'existent pas réellement.

J'imagine que pour les fans de la série, c'était une belle redécouverte de l'ambiance campagnarde régnant dans l'oeuvre origniale et de ses individus attachants. Cela a dû également préciser certains détails laissés jusqu'alors au hasard.

La lecture de cet amalgamme de lettres m'a fait beaucoup réflechir. Lorsque l'on écrit, sommes-nous réellement maître du monde que l'on créer ? Toutes ces existences brèves, mais complexes pour le temps d'un roman, d'une saga, que deviennent-elles ensuite, dans la mémoire des gens?

À la mi-chemin entre l'oeuvre de totale fiction et l'essai, Chère Arlette est une lecture totalement justifiée et dont l'auteure a su mener l'idée à terme dans un style riche et vrai.

Chère Arlette
Arlette Cousture
Libre expression (2016)
220 pages

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