Laissez-vous bercer par Océan mer d'Alessandro Baricco
C’est avec son très court roman Novecento :
pianiste (dont je vais
faire la critique très bientôt) qu’Alessandro Barrico a su gagner mon cœur de
lectrice. Il y a deux ans de cela, on a déposé ce livre dans mes mains comme
lecture obligatoire et jamais je n’ai eu autant de plaisir à réaliser un examen
de fin d’étape. Ce petit bijou de la littérature contemporaine m’a fait
découvrir l’auteur et m’a donné envie de parcourir ses œuvres. J’ai commencé
par Sans Sang dont j’ai déjà fait la chronique sur ce
blogue et récemment, j’ai eu le plaisir de lire Océan
mer, le roman à l’étude aujourd’hui.
Océan
mer raconte la vie des
sept personnes totalement différentes. Leur seul et unique point commun ?
L’endroit où ils séjournent : la pension Almayer. Celle-ci donne sur le
bord de la mer et est reconnue comme étant un lieu de guérison. On s’aperçoit
assez rapidement que cet hôtel ne correspond pas du tout aux standards
habituels : la réceptionniste, Dira, est une petite fille qui n’a pas plus
de dix ans. L’enregistrement? Une simple signature dans le gros livre sur le
coin du bureau d’accueil. La pension Almayer est absurde et loufoque, tout comme ses
pensionnaires.
Elisewin est une jeune fille malade, mais
dont la condition nous est plutôt inconnue. On dit d’elle qu’elle est fragile
et trop sensible encore pour vivre dans le vrai monde. Elle n’a que seize ans,
mais son père, le baron de Carewall, dépourvu de ressources, l’envoie tout
de même séjourner auprès de l'océan en compagnie de son homme de main le père
Pluche.
Ce fameux père Pluche n’a pratiquement
rien de religieux. Il a comme passion l’écriture de petites prières (qui n’ont
rien non plus de religieuses) sur des situations de la vie courante et possède
l'unique projet d’en faire un livre.
Monsieur Plasson, quant à lui, nous
donne la vive impression qu’il habite la pension depuis des années. Sa routine
consiste à s’asseoir face à la mer et à peindre jusqu’à la montée de la marée.
Qu’est-ce qu’il peint ? Rien.
En fait, il peint la mer.
En blanc.
Vit là aussi le professeur Bartelboom, un
scientifique travaillant sur les limites de la nature ainsi que madame Devéria,
envoyée de force pour avoir trompé son mari. Deux autres personnages plutôt
mystérieux au nom d’Adams et de Savigny viendront également rejoindre le récit.
Cette œuvre d’Alessandro Barrico a été
pour moi une incroyable découverte. En premier lieu, ce qui m’a réellement
charmée, c’est le style d’écriture employé. Barrico est un grand maître des
mots. Ici, l’intégralité du roman tourne autour de la mer, de l’océan. Or je
n’ai jamais senti de répétition dans les termes ni dans la façon de l’aborder.
Véritable génie en matière de métaphores et de synesthésies, j’ai eu
littéralement l’impression de plonger dans l’histoire et d’être
emportée par une vague qui m’empêchait de reposer mon
bouquin et de me coucher.
Ces personnages, à la fois très simples en
apparence et extrêmement complexes une fois que l’on apprend à les connaître,
sont attachants. Le malaise de vivre engendré par la crise d’adolescence, le
désir d’accomplissement de soi, l’erreur et la foi sont des thèmes qui nous
rejoignent tous en tant que lecteur peu importe notre âge. À ce niveau, Barrico
a su miser juste.
La fluidité de l’intrigue, les petits
rebondissements çà et là, l’arrivée de personnages et l’enchaînement de plus
petits récits dans la trame principale ont laissé une sur moi une forte
impression. Océan mer est un roman qui fait du bien
et qui nous fait grandir.
☆☆☆☆
Océan mer
Alessandro
Barrico
Folio
(2002)
288 pages
0 commentaires