Détour poétique: De Rilke à Éluard

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Capitale de la douleur de Paul Éluard

Dans les deux dernières semaines, j’ai été portée à lire plusieurs recueils de poésie. J’ai notamment parcouru Baudelaire, Neruda et Éluard, mais de mon côté, j’ai également lu Lettres à un jeune poète, une correspondance entre Rainer Maria Rilke et Franz Xaver Kappus. Ce plongeon dans un univers de métaphores, de mots choisis et d’amour m’a donné envie de partager avec vous mes passages favoris et certaines de mes réflexions.

Ma première lecture, celle des Lettres à un jeune poète, m’a profondément inspiré. En s’adressant à Kappus, un jeune homme qui commence en poésie et qui doute de son talent, Rilke offre à son correspondant sa vision de la discipline. Pour lui, on doit être dévoué à cet art si l’on désire produire une œuvre de qualité. La poésie est une façon de vivre et de voir le monde. La solitude devient notre meilleure amie puisqu’elle permet le regard extérieur, la créativité. Malgré la distance qui les sépare, leurs lettres sont intimes et profondes. On a l’impression d’écouter la conversation entre deux amis de longue date qui se rencontrent dans un café. En plus de commenter les talents littéraires de Kappus, Rilke le conseille dans sa vie personnelle. Des thèmes comme le travail, la religion et bien sûr l’amour sont abordés.

« Aimer, tout d’abord, n’est rien qui puisse s’identifier au fait de se fondre, de se donner, de s’unir à une autre personne ; c’est, pour l’individu, une extraordinaire façon de mûrir, de se transformer au sein de soi, de devenir un monde, un monde en soi pour quelqu’un d’autre. »

Cette œuvre nous apprend que la poésie n’est pas une façon de faire de l’argent ni d’acquérir de la popularité, mais bien un art qui nécessite un énorme don de soi et une attention particulière au monde qui l’entoure. Très près de l’essai, cette correspondance est pour son lecteur matière à réflexion et remise en question.

Les vers d’amour de Neruda et d’Éluard m’ont, quant à eux, permis de comprendre Rilke et de l’admirer de plus belle. L’amour fusionnel que vivent les deux poètes au début de leur recueil est passionné, déchaîné, plus grand que nature. Or à force de tourner les pages, l’amour l’affadie, se perd et se noie. La haine et le désespoir hantent les lignes. Certes, ces vers sont d’une beauté incroyable. On nage parmi les magnifiques images créées par les mots et on y rattache nos propres histoires, nos propres amours.

« Le sommeil a pris ton empreinte
Et la colore de tes yeux »

Ces lectures m’ont ouvert les yeux quant à la beauté du monde. Avec tout ce qui se passe autour du globe, toutes ces guerres, toutes ces manigances, toutes ces trahisons, tous ces meurtres et toutes ces barbaries, on doit se rappeler qu’il y aura toujours de la place pour l’amour et pour la paix.

La poésie, c’est de voir le monde dans son ensemble, dans son imperfection et de l’admirer de toute façon.

Capitale de la douleur
Paul Éluard
Poésie/Gallimard (1926)
237 pages
Lettres à un jeune poète
Rainer Maria Rilke
Poésie/Gallimard (1993)
163 pages

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