Théâtre: Incendies
D’abord
et avant tout, le livre transporte. Il nous mène à travers le monde, nous ouvre
aux cultures étrangères, développe notre imaginaire.
C’est
le récit d’une vie, d’une enfance parmi la guerre, que nous livre Wajdi Mouawad
dans la pièce Incendies. Déménagé à
Montréal, puis en France, Mouawad a vécu son enfance au Liban, en plein cœur de
la guerre. Les armes, il connait, la torture, elle aussi. Il aurait pu souffrir
en silence, comme tant d’autres, mais il a choisi de se libérer par l’écriture.
Incendies, c’est l’histoire
de Jeanne et de Simon, des jumeaux. Leur mère Nawal Marwan est décédée. Son
legs est bien simple : une lettre pour chacun de ses enfants. Le notaire
est bien clair : ces lettres ne leur sont pas destinées : Jeanne doit
remettre la sienne à son père et Simon à son frère. Le choc est immense. Ils
ont un frère ? Leur père est toujours en vie ? Mais qui sont-ils ? Pendant cinq
ans, Nawal n’a pas prononcé un seul mot. Ni à ses enfants ni à qui que ce soit.
Une rage empoigne Simon. Pourquoi sa mère ne lui a jamais parlé de cela ?
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi…
Malgré
la crise et la colère, Jeanne et Simon partent à la recherche, chacun de leur
côté. Tous semblent connaître leur mère comme étant « la femme qui chante »,
mais qui connait réellement son histoire, son destin ?
Mouawad
délivre les atrocités de la guerre. Il les expose comme elles sont :
barbares, cruelles. Inutiles. Des civils se battent sans en connaître la
raison. Des amis s'entre-tuent pour une cause qui leur est inconnue, voire
inexistante. Le bourreau devient la victime. La haine est gorgée d’amour.
Les
pièces de Mouawad sont précises, articulées, fluides. C’est dans la richesse des
thèmes et des personnages que l’on sent la force du récit. Non seulement elles
sont simples et rapides à lire, mais elles sont également imprégnées de
complexité.
Se
priver de cette œuvre, c’est de se priver d’une petite part de sagesse. Comprendre
le monde, ça se fait un livre à la fois…
☆☆☆☆
Incendies
Wajdi Mouawad
Leméac éditeurs (2009)
131 pages
1 commentaires
J'avoue, je n'ai pas lu la pièce mais seulement vu le film, et la fin m'a réellement choquée/surprise ! :o
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