COLLABORATION: Naufrage par Stéphanie Fiset

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Il faut prendre plusieurs pauses en faisant la lecture de Naufrage.

Pour reprendre son souffle. Parce que le récit nous entraîne au fond de notre conscience, et comme le personnage principal, on ne peut pas s’accrocher à grand chose.

C’était la première fois que je faisais la lecture d’un roman de Biz (Sébastien Fréchette), membre de Loco Locass, gagnant du prix France-Québec 2015 pour son roman Mort-Terrain (Leméac, 2014). Ayant souvent vu passer le roman Naufrage en bibliothèque, je dois dire qu’il m’intriguait beaucoup. Sur la couverture, on voit des cubicules de bureaux déserts en monochrome gris cendre, comme des alvéoles vides dans une ruche en dormance. La ruche, c’est le ministère où Frédérick évoluait jusqu’au jour où l’austérité frappe, que son poste est muté et qu’il se retrouve à stagner aux archives, dans un sous-sol cafardeux sans fenêtre. Complètement indigné et dégoûté de se retrouver à se morfondre sans travail à accomplir, entouré d’une petite cellule de gens désagréables qui ne font rien de leurs journées, il décide d’enclencher une réaction d’offensive. Jusqu’au jour où un oubli irréparable survient.

La coupure est nette et tranchante à partir de là.  La muraille qui le protège malgré tout, c’est sa vie familiale avec sa femme Marieke et son fils Nestor. Une vie rangée, somme toute banale, mais gorgé de joie de vie naïve et de plaisirs simples. Le rempart s’écroule avec un coup de poing qui balaie tout. On dérive avec Frédérick, on se glisse dans sa peau. On ne peut s’empêcher de faire le lien avec des événements récents de l’actualité. Naufrage est écrit au “je”. Difficile de ne pas ressentir d’empathie pour ce fonctionnaire échoué. Car les malheurs, ça cogne à votre porte sans crier gare. La nature humaine étant ce qu’elle est, les accidents peuvent arriver brusquement et entraîner tout le monde dans l’effondrement. Les thèmes du récit gravitent autour de la culpabilité, de la compassion et du pardon.

Naufrage est un roman concrètement léger, une lecture de seulement 133 pages. Une lecture qui se fait rapidement, presque d’un trait. Le contenu des pages lui, pèse plus lourd sur la conscience. Et si cela nous arrivait ? Est-ce possible de s’en sortir ?

Une lecture que je recommande hors de tout doute, écrite avec brio.

Naufrage
Biz
Éditions Leméac
Montréal, 2016, 134 pages

Stéphanie Fiset

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1 commentaires

  1. Malgré mes quelques réticences (un peu déçue par ses romans précédents), je vais craquer pour celui-ci, notamment en raison du sujet qui m'intéresse beaucoup.

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