L'enfant migrateur

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L'enfant migrateur de Aude


Débuter un roman en matinée, le terminer avant le coucher du soleil. C’est ce que j’appelle être prise en otage par les mots et c’est ce qui m’est arrivé en cette triste journée d’orages et de pluie. Avant ce matin, L’enfant migrateur d’Aude était un livre que je traînais dans mon sac à main, mais que je ne prenais pas le temps de lire sérieusement. Je l’avais feuilleté, certes, mais il me semblait banal, voire enfantin par ses gros caractères et son allure maigre. Le petit bijou qui se cachait à l’intérieur me fit un véritable choc.

L’enfant migrateur raconte l’histoire de deux frères jumeaux : Hans et le Petit, comme tout le monde l’appelle. Le Petit n’était pas censé survivre à la naissance, et pourtant… Ce dernier est le format rétréci de son frère, et comme certains le pensent : un peu retardé.

Les garçons sont inséparables autant au niveau physique que psychologique. Hans souffre, se frappe, si l’on le sépare de son jumeau. Le Petit, quant à lui, souffre silencieusement, mais visiblement. Ils grandissent ensemble, partagent la même chambre, le même lit et les mêmes activités jusqu’au début de leur adolescence où leurs chemins commencent peu à peu à se séparer. Hans est protecteur, il est donc très atteint de la distance que prend de plus en plus son frère. Le Petit, lui, reste muet et ne se plaint de rien. Le récit traverse plusieurs années. Il accompagne les deux garçons de leur enfance jusqu'à l'aube de leur vie d'adultes. 

Le Petit qui avait toujours été un peu faible et malade meure vers la fin du roman. On réalise alors que celui-ci était aux côtés de son frère pour une raison bien plus importante que sa propre vie : celle de Hans, son frère jumeau.

Il y a plus, mais je ne souhaite pas vous en dévoiler trop, sans quoi la lecture du roman n’aurait plus aucun intérêt. J’ai parcouru les lignes de ce récit sans effort et à une vitesse incroyable. J’ai beaucoup apprécié la brièveté des chapitres. On dit ‘’une idée, un phrase’’ d’habitude, mais ici c’était ‘’une idée, un chapitre’’. Court et puissant, comme je les aime.

La gémellité et tous les concepts qui y sont rattachés sont exploités d’une façon incroyable dans L’enfant migrateur. Et si dans tous les couples de jumeaux se trouvait un sauveur et un sauvé ? Les remises en question, j’adore ! Hans qui pouvait nous sembler être un enfant pourri gâté se retrouve à être celui qui est blessé. Le Petit, qui, aux yeux des autres, semblait reclus et malheureux, était en fait celui qui portait secours à la maladresse de vivre de son frère. Je pense qu’il est possible de se sentir concerné par cette histoire lorsque l’on a des frères et sœurs. On se met à la place de Hans et d’Alexandra (leur grande sœur plutôt rejetée) et on comprend le Petit, même s’il reste un peu mystérieux.

Ce livre m’a profondément touchée. Vous savez, ce sentiment de tristesse que l'on ressent lorsque l’on termine un roman auquel on a pris (un peu trop) goût, et bien c’est ce que j’ai éprouvé au moment de tourner la dernière page de ce livre. J’avais pourtant la bonne impression d’être libérée du fardeau que supportait le petit. Celui de vivre pour son frère et celui de mourir pour lui.


☆☆☆
L’enfant migrateur
Aude
XYZ Éditeur (1999)
122 pages

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