Vague de littérature québécoise: Le Torrent
Classique littéraire
québécois, Le Torrent d’Anne Hébert fut ma lecture de la semaine. Cette
nouvelle d’environ soixante pages fait partie d’un recueil qui fut publié en
1950. Afin d’écrire une critique claire, je me suis uniquement concentrée sur
cette dernière, remettant la lecture des autres récits à plus tard…
Selon L’Internaute, un
torrent est : « un cours d’eau de montagne caractérisé par une forte
pente, un débit rapide et irrégulier. » Rapide et irrégulier sont des mots
parfaits pour définir l’âme de cette nouvelle. Des mots mélodieux qui s’emboîtent
les eux aux autres formant une histoire brouillée par les adjectifs, qui s’enchaînent
pour former un tout plus ou moins cohérent, mais qui, finalement, surprend et
touche.
Le Torrent raconte une
histoire non-conventionnelle, surtout si l’on se fie à la culture québécoise de
cette époque quant aux rôles familiaux. Une femme tombée enceinte alors qu’elle
n’était ni mariée, ni en couple, met au monde un garçon : François. Sans
père ni figure paternelle, celui-ci est éduqué par sa mère, retiré de toute
société dans une petite maison en forêt. Sa mère n’est pas qu’exigeante, elle
est d’une sévérité impossible. Elle le bat, l’exploite, le rabaisse, les
insultes volent. François quitte enfin la maison pour un pensionnaire où il étudiera.
Pourtant, ayant grandi dans la solitude, ce dernier ne se mêlera jamais aux
élèves. De retour chez lui, une guerre éclate. Sa mère l’assomme, il perd l’audition.
François est désormais sourd. Se met alors à résonner en lui le torrent. Comme
une rivière où les vagues se déchaînent constamment. Sans trop en dire, arrivera
un incident qui bousculera sa vie entière, mais qui toutefois, ne lui permettra
jamais de se défaire des chaines maternelles l’entourant depuis sa triste
naissance…
Ce que j’ai pensé de cette
nouvelle… eh bien, pour tout dire, j’ai aimé, mais sans plus. Certes, il s’agit
d’un classique québécois, et il est magnifiquement écrit, or je préfère de loin
les lectures moins chargées, plus fluides. Je crois qu’il est possible de créer
un récit percutant, sans pourtant en encombrer le sens par l’ajout de multiples
mots superflus. La beauté de la langue est, selon moi, beaucoup plus appréciée
lorsque l’histoire est légère, voire positive. Un parfait exemple de cette
affirmation serait le roman L’élégance du hérisson de Muriel Barbery. Les descriptions
y sont longues, le français y est maîtrisé, mais tout y est fluide, aucun doute
sur le sens des phrases, etc. Le vocabulaire soutenu, d’accord, mais pour une
nouvelle, j’aime moins.
Du côté des points positifs,
Le Torrent m’a fait redécouvrir la puissance des stéréotypes familiaux et
religieux du Québec des années 50-60. La religion toujours omniprésente. La
femme soumise (ici l’inverse, la révolte). Le concept des enfants nés bâtards, extra
conjugalement. J’ai bien aimé revoir des concepts appris sous forme de preuve
cette fois-ci.
Aussi, malgré les quelques
recherches Google qui ont été nécessaires à ma compréhension, la fin est
libératrice. On s’y attend tout au long de la lecture et on est bien servi.
Pour les rares fois, j’ai apprécié être tenue en haleine à propos d’un fait qui
était déjà évidence.
Finalement, Le Torrent n’a
pas totalement gagné mon cœur. Lisez-le et partager moi votre avis, je suis
curieuse !
☆☆☆
Le
Torrent
Anne Hébert
Hurtubise (2011)
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