Où se perdent les hommes

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Où se perdent les hommes de René Frégni


Où se perdent les hommes est un court roman que j’ai dégoté dans une boutique de revente de livres usagés. J’étais à la recherche d’un roman qui me laisserait sur des questionnements existentiels, sans réponse, avec une drôle (mais surtout agréable) impression que le roman faisait maintenant partie de moi. Qu’en quelque sorte, il me hanterait pour le restant de ma vie.

C’est ce que je croyais avoir trouvé lorsque j’ai mis la main sur l’œuvre de René Frégni. Pourtant, cela n’a pas du tout été le cas. Je déteste émettre de mauvais commentaires à l’endroit d’un récit puisqu’il s’agit d’Art et que l’Art, eh bien, c’est propre à chacun… Or, certains aspects de ce roman ne m’ont pas plu du tout, à vous de juger si la lecture en vaut la peine.

Ralph travaille dans une prison de Marseille. Il n’est ni gardien ni détenu, il anime plutôt les ateliers d’écriture offerts aux prisonniers. Un jour, il fait la rencontre d’un certain Bove, homme ayant été emprisonné pour avoir tué sa femme. En entrant dans sa cellule, Ralph comprend que cet inconnu est beaucoup plus qu’un meurtrier, qu’une peine immense et incompréhensible l’habite. Bove devient une partie de lui qui l’obsède. Lorsque celui-ci tentera de se suicider, Ralph n’aura qu’un seul plan en tête : le faire sortir de là.

L’histoire résumée est invitante, presque même envoûtante. On veut savoir ce qu’un simple professeur d’écriture peut bien avoir à développer comme relation avec un détenu fou et dangereux. On souhaite à tout prix connaître la raison de l’envie d’évasion qui prend à Ralph. Le souci dans ce bouquin c’est que l’on ne finit jamais par répondre aux questions qui nous tiennent en haleine tout au long de notre cheminement. Dans mes notes de lecture, je m’étais inscrit : « Bien hâte de comprendre la corrélation entre la femme du prisonnier vis-à-vis la femme de Ralph ». Car oui, la femme de Bove était bien l’élément clé de l’histoire, pourtant on se retrouve dans le néant face à ce personnage. On ne connait rien d’elle, on n’apprend que de façon très brève les motivations de Bove à commettre le crime, etc.

Comme je l’ai mentionné plus haut, un point positif par rapport à ce roman, c’est qu’il m’a tenu en haleine jusqu’à la dernière ligne. Le hic, c’est que ce ne sont pas pour les bonnes raisons. J’attendais une fin, une fin qui n’est jamais venue. Une explication qui n’est jamais venue. Vous allez me dire : « Des fins, ce n’est pas toujours nécessaire. » Bien-sûr, et je suis totalement d’accord avec vous, mais dans ce cas-ci, oui. Mon but n’est pas de vous vendre des moments clés de l’histoire, or je peux vous dire que les derniers passages vous chavireront (pas nécessairement de façon positive), qu’il y aura plusieurs revirements de situation, mais toujours pas de réponse.

Un des points forts est que l’on y ressent bien l’ambiance de la prison. Les descriptions sont précises et on a presque l’impression d’y être. Aussi, malgré quelques lacunes, Frégni y fait de belles références à l’amour, au deuil, à l’emprisonnement et à la folie. Il aborde bien ces sujets, toutefois son œuvre semble incomplète dans sa majorité. Tant de thèmes forts, peut-être un peu trop finalement…

Bref, je pense éventuellement relire ce roman. Quelques concepts m’ont peut-être échappé. Ou plutôt, réapprendrai-je à détester cette œuvre de René Frégni, qui sait ! Où se perdent les hommes ? Malheureusement, nous n’en avons toujours aucune idée…

☆☆

Où se perdent les hommes
René FRÉGNI
Gallimard (2000)

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