La fille qui plongeait dans le coeur du monde
« Elle
parle si lentement qu'entre chacune de ses phrases la mer a tout le temps de
s'exprimer. »
La mer, les thons et une autiste : Moi, la fille qui plongeait
dans le cœur du monde, un récit
d’introspection prenant une forme jusqu’alors inexploitée. Tout tourne autour d’une
usine destinée à la pêche et d’une jeune femme dénommée Karen. Elle est encore
enfant lorsque sa tante Isabelle la découvre, abandonnée à son propre sort dans
le sous-sol de la maison qu’elle a reçu en héritage. Un long cheminement vers
une vie dite « normale » pour Karen débutera. Malgré sa condition d’autiste,
elle est dotée de Capacités Différentes, d’où le surnom qu’on lui donnera au
cours du roman.
De multiples rencontres lui feront découvrir la vie, l’amour, la haine et c’est par leur entremise qu’elle développera ses propres valeurs et convictions.
L’histoire en elle n’est pas si cohérente et si
rocambolesque que je l’aurais souhaité, et pourtant je suis en mesure de dire que
ce livre m’a quand même plu.
L’incohérence des actions et de la façon de les
raconter est, selon moi, dû au style que l’auteur a choisi. En effet, dans ce
roman Berman adopte la mentalité (et par le fait même l’écriture) de sa
personnage principale Karen. Son roman est narré comme un journal intime. Il
est alors compréhensible que ses choix de mots, de structure et d’événements
soient, pour le moins, différents. Même si le tout me désorientait parfois, c’est
cet aspect qui a permis à Karen de prendre vie dans le récit. On s’attachait
beaucoup à elle et ce, malgré son manque flagrant d’empathie.
Petit point négatif, mais très banal : il n’y
a pas de trait de dialogue dans l’édition que j’ai lu (Points, 2008). Ce n’est
pas très grave, mais quand même, je pensais bon de vous le mentionner. Cela n’altère
pas la lecture, or le texte semble plus lourd, plus long…
La littérature mexicaine était toute nouvelle pour
moi. Moi, la fille qui plongeait dans
le cœur du monde, m’a bel et bien permis de « plonger » dans le cœur du
monde et de la culture mexicaine. J’y ai senti l’odeur de la mer, salée,
mystérieuse et humide. J’y ai entendu là la fois le bourdonnement de la ville et
le doux réconfort du va et vient de l’océan. Un
instant, ce roman m’a fait souhaiter d’être autiste, de me soustraire du monde
qui m’entoure et de me recentrer sur ce qui a une réelle importance : la
nature, la simplicité. S’imprégner de ce livre, c’est de s’accorder une pause
dans son quotidien trop chargé, c’est de voir la vie au travers des yeux d’une
autre personne. D’une personne libre d’esprit, d’une personne qui réfléchit d’une
façon totalement différente.
Si l’aventure vous tente, n’hésitez-pas ! « Repêcher » ce bouquin !
☆☆☆☆
Moi, la fille qui plongeait dans le coeur du monde
Sabina BERMAN
Points, (2013)
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